Chapitre 3 - La rencontre
Un air de printemps rayonne aujourd'hui. Les mars sont dehors mais c'est la dech'.
Ils sont affamés et même sous l'arbre aux vénus, pas touffe qui vive.
L'arbre, encore chaud, retrouvé
Ils découvrent un terrain de rouge tâché
Le regard blasé, et l'humeur grisée,
Ils repartent, bredouilles et têtes baissées.
Voici venue la dite : Crampe du mois.
Comme vous avez pu vous en apercevoir, les mars ne sont pas d'une complexité évidente. Ils parlent sexe, ils se nourrissent sexe et vivent sexe. Logique pour des sexovores direz-vous. Mais eux sont particulièrement boulimiques, et dévorent sans déguster.
Leur évolution spirituelle devrait pourtant s'accroître durant cette période de jeûn. Un mode de pensée élargie devrait s'activer, mais ce n'est pas le cas.
Effectivement, poussons l'absurde à ses limites, et admirons les mars, qui savent pertinemment que les plaines sont desertées, mais s'acharnent malgré tout sur une course inutile. Ils s'engrennent vainement le ventre vide.
Les forces rompues, les mars prennent leur mal en patience et s'économisent à l'abris dans l'humidité de leur grotte.
Les jours passent et, autre aspect du jeûn, les mars ne communiquent plus qu'à l'aide de râles incompréhensibles, et d'onomatopées encouragées. Dans l'attente du retour des vénus l'activité principale est: Dormir.
Entre la châleur des fantasmes
et l'austère, dépeuplée réalité,
Mars choisit le rêve et ses libertés
Ne craignant rien, ni même la flamme
Il s'envole...
Pendant qu'ils sont plongés dans leurs rêves érotiques, les vénus rentrent de leur retraite menstruelle. La rage au corps, et derrière une Régine determinée, elles pénètrent en Terre commune.
A l'inverse des précédents retours des Terres de l'absorption, aujourd'hui elle marchent comme des guerrières, accentuant chaque rebond avec insistance. La masse des rebonds entonne un battement de tambours impressionnnant.
Les mars le savent! Ce sont elles, les vénus rentrent enfin, et ils s'empressent d'aller les accueillir!
D'un côté, les mars sont affamés et de l'autre, les vénus sont déterminées à leur faire face. Le combat risque d'être rude!
La victoire des mars a été écrasante! Doublement écrasante.
Les Vénus accusent le coup, tandis qu'eux rentrent joyeusement allégés!
Ils partent sans se retourner.
Et comme à leur habitude
Ils pensent à eux, sans partager.
La nuit a recouvert le paysage de son voile d'ombres. Eprouvées par leur récente défaite, les vénus dorment toutes. Sauf une, Juliette.
L'insomnie, c'est le corps cousu au Temps.
Retenu par des fils élastiques, il revient sans arrêt
et jamais ne trouve la clef de son inconscient.
Comme si le sable du marchand ne faisait plus effet.
Discrètement, Juliette se casse de son lit de feuilles. Elle saute du tronc et part se promener dans la nuit et ses mystères.
Mais rapidement elle se rend compte qu'il y a davantage de nuit que de mystère dans les plaines. Alors Juliette erre et se perd.
Arrivée au bord de l'eau, l'ombre s'est assise
Comme tourmentée. Tête inclinée elle s'évade.
Glissant entre les reflets nacrés, l'oeil fade
Retrouvera dans la beauté ses couleurs.
Juliette n'en revient pas de voir un mars seul. Ils se déplacent toujours en meute. En plus celui-là a l'air mélancolique, c'est vraiment étrange. Elle est captivée.
Trop appuyée sur sa curiosité, une brindille sèche craque sous Juliette et le bruit alerte le mars rêveur.
Juliette fuit et bondit de tout son soûl!
Elle sait pertinemment que personne ne la poursuit, mais elle s'empresse vitement de retrouver la sécurité qu'offre la hauteur de son nid.
Arrivée là-haut, Juliette reste circonspecte.
Jusqu'à ce qu'un fou rire la torde soudainement! Comme une juste et attendue décompression devant l'évidence des hautes émotions récemment expérimentées.
Vénus Juliette ne trouvera pas le sommeil cette nuit, elle glissera sur ses rebords, poursuivant l'idée d'un mars différent des autres. Poursuivant le fantasme d'un futur emprunt de sensualité et de poésie.
Un vent frais remue les feuilles,
léger soufflant, il secoue les sens.
Du sommeil, délicatement, il cueille
les endormies en ouvrant la cadence.